
Meurtre de Marie Nicolet : une mise à mort d’une rare sauvagerie
Une scène d’une horreur indicible a été découverte dans la nuit du 27 au 28 octobre, dans la cour du Logis du Roy. Le corps sans vie de Marie Nicolet, comédienne bien connue du Théâtre municipal, a été retrouvé gisant sur le pavé, le ventre ouvert, la gorge tranchée, dans un bain de sang gluant qui avait rendu la pierre glissante. Il s’agit, selon les premiers éléments, d’un crime d’une extrême brutalité, planifié et exécuté avec méthode.
Marie Nicolet, âgée de 42 ans, avait terminé sa représentation de Michel Strogoff, une pièce de Jules Verne actuellement reprise avec succès. Elle avait quitté le théâtre par l’entrée principale, comme à son habitude, et avait emprunté la rue du Logis du Roy aux environs de minuit. Selon une source proche du personnel, la comédienne semblait préoccupée ces derniers jours, mais animée d’une énergie nouvelle. Certains évoquent une “rencontre étonnante” qui aurait ravivé ses ambitions, elle qui ne supportait plus les rôles secondaires qu’on lui attribuait.
Le médecin appelé sur place, le docteur Henri Duval, a décrit un “massacre glacial” : les intestins de la comédienne étaient répandus sur les pavés, et une forte entaille au cou avait même sectionné une vertèbre. D’après son évaluation, la mort est survenue dans les minutes suivant l’agression, et aucun cri n’a été entendu.
C’est une prostituée bien connue des rues d’Amiens, Jeanne Beaurain, dite la Duduche, qui a découvert le corps. D’abord persuadée qu’il s’agissait d’un ivrogne, elle s’est approchée à la lueur de la lune, avant de hurler qu’un “assassin a dépiauté une femme” et de courir jusqu’à la rue des Trois-Clochers pour prévenir les autorités. Le gardien de la paix Macquart, dépêché sur place, a décrit une scène qui “le hantera toute sa vie”.

un mystère qui n’a pas fini de faire parler
Dans les poches de la victime, on a retrouvé un contrat de théâtre chiffonné, un mouchoir brodé de ses initiales, et un petit sac à main désormais vide. L’agresseur a vraisemblablement volé ses effets. Mais les enquêteurs s’accordent à dire qu’il ne s’agit pas là d’un simple vol.
Les indices retrouvés sur place — notamment des traces de tabac à priser et l’absence de lutte prolongée — laissent penser que la victime connaissait son agresseur. Elle ne s’est pas enfuie.
L’enquête ne fait que commencer. Mais une chose est sûre : ce crime ne relève pas de l’ordinaire. Il trahit une volonté de punir, voire d’humilier la victime.
Par D. Bynov

🗝️ [Note confidentielle]
Je suis inspecteur Lebeau, affecté à l’affaire Nicolet.
Le commissaire Lagarde fait ce qu’il peut. Il a envoyé Delafuye, le journaliste, farfouiller dans les ruelles. Officiellement, l’enquête suit son cours. Officieusement ? On patauge. Alors j’ai décidé d’y aller par moi-même. Et c’est là que vous entrez en scène.
Tout se passe ici, dans ce journal. Vous n’aurez pas besoin d’aller chercher ailleurs.
Les pistes et les révélations sont toutes entre ces pages.
👉 Cliquez. Survolez. Surlignez. Zoomez.
Des éléments sont visibles. D’autres attendent d’être réveillés par un regard attentif.
🔍 L’affaire commence avec les oiseaux. Ça n’a l’air de rien, mais je vous garantis que quelque chose cloche.
Soyez curieux. Fouillez. Et surtout : ne vous laissez pas distraire.
On vous observe peut-être déjà.
LES BAS-FONDS D’AMIENS SOUS SURVEILLANCE
Tandis que l’affaire Nicolet continue d’émouvoir la cité, une autre réalité s’impose peu à peu aux regards : celle d’une criminalité nourrie par la misère, le vice, et une débauche désormais bien enracinée dans certains quartiers d’Amiens.
Autour du Logis du Roy, où la comédienne fut retrouvée sans vie, la prostitution semble prospérer à l’abri des regards. Le Cabaret Rouge, déjà connu des services de police, est régulièrement cité comme un repaire notoire, où s’entremêlent ivrognes, joueurs, filles de petite vertu et individus en rupture avec la loi.
Selon plusieurs sources concordantes, des descentes de police seraient en préparation, ciblant les établissements les plus compromis. Le climat est tendu. Nombreux sont ceux qui réclament des mesures fermes pour rétablir l’ordre et préserver la décence dans les rues de la ville.
Des oiseaux morts retrouvés dans un jardin
Une dizaine de moineaux et deux corneilles ont été retrouvés morts dans le petit jardin d’un particulier du faubourg de Noyon. Aucun signe d’empoisonnement n’a été relevé. Le phénomène, survenu dans la nuit du 30 au 31, intrigue les riverains : le silence aurait été absolu, “pas même un grincement de girouette”.
L’un des oiseaux portait autour du cou un anneau en laiton avec un canon gravé. La signification reste pour le moment inconnue.

DÉGRADATION NOCTURNE AU CABINET DE LECTURE
Ce matin, les employés du Cabinet de Lecture, rue des Augustins, ont découvert une vitrine fracturée dans l’entrée. Aucun vol n’a été constaté, mais plusieurs ouvrages anciens avaient été déplacés, notamment dans la section consacrée aux voyages et à l’histoire naturelle.
Fait intriguant : un mot griffonné au crayon a été retrouvé entre deux pages du Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, portant ces simples mots :
“Ce n’est pas ici.” La police penche pour une farce d’étudiant. D’autres évoquent un simple acte d’irrévérence.
Les employés ont réorganisé les rayonnages dans la matinée et la salle de lecture reste accessible au public. Aucune autre anomalie n’a été constatée sur les lieux.
Amiens, lumière du Nord et berceau du Temps. Ce journal paraît tous les mercredis. Imprimerie Drouin & Fils, rue de la République, Amiens.